Dialogues du film


Ces mots seront traduits en anglais et en laotien pour sous-titrage. (Toute aide est bienvenue).


*



1

je viens d’un pays
qui n’existe plus
puisque mon père est mort

un matin il m’assoit
sur le porte-bagages
de son vieux vélo

nous avons roulé
à travers le village
puis nous avons longé
la route des rizières

bientôt
fut en vue
la pointe du That Luang

disparurent
pour longtemps
les paysages familiers

de ma tendre

enfance


*


  
2

03:05
Kiyé : - Tu sais pas ?
Octave : - Non… Je sais plus.

Kiyé : - Quel âge j’avais quand je suis arrivé en France ?
Octave : - Je crois que t’avais mon âge, non ? Enfin, je sais pas.
Kiyé : - Un peu plus jeune, oui… J’avais dix ans. Toi, tu as… ?
Octave : - Douze ans.

03:38
Kiyé : - Tu sais comment s’appelle ma mère ?
Octave : - Non !
Kiyé : - Moi non plus, en fait. Enfin, je l’ai jamais appelée par son prénom. Et son nom de famille, je l’ai jamais utilisé, en fait.


04:06
Kiyé : - Et mon père, alors, tu sais qui c’est ? Tu l’as vu ?
Octave : - En photo… je crois… suis pas sûr.
Kiyé : - Pourquoi ? Il était fâché, il est pas venu ?
Octave : - Non, il est mort !
Kiyé : - Ca te fait rire ?
Octave : - Non ! C’est toi qui dit comme ça !

04:27
Kiyé : - T’as pas mangé ton avocat, et t’as pas mangé tes tomates…
Octave : - Quel rapport avec la conversation ?
Kiyé : - Rien, mais je me rappelle à mon devoir de père.


*



3

04:38
Kiyé : - On va voir si tes mains ont grandi… Y’a pas de raison ! Quand est-ce que le prof t’a dit que tes mains étaient trop petites ?
Octave : - Très longtemps…
Kiyé : - Hein ?
Octave : - Très longtemps…
Kiyé : - Très longtemps ? Et alors, tu crois que tes mains sont encore trop petites ?
Octave : - Non.
Kiyé : - Tu peux me faire la main droite ?

05:24
Kiyé : - Bécart, oui.

06:17
Kiyé : - Tu vois, je fais… un, deux… puis je reviens au un.
Puis après… après, ça bouge pas.
Le passage du pouce, c’est juste pour la troisième note, le sol.

Vas-y ! Doucement, doucement, prends ton temps. Avec Satie, tu as tout ton temps.



*



4

06:53
Kiyé : - Vientiane, le 25 octobre 1976… Vingt-cinq, c’est… octobre, c’est mon anniversaire.

Madame et Monsieur. Permettez-moi, tout d’abord, de me présenter. Je suis le père de l’enfant S. Luangkhot, qui est actuellement sous votre parrainage, dont mon neveu, Somprasith Luangkhot, m’a dernièrement communiqué la nouvelle.

Nous vous sommes très reconnaissants, ma femme et moi, d’avoir la bienveillance de prendre en charge notre fils, qui avait dû, par la circonstance, hélas, nous quitter le 27 janvier 1976, avec un nom et prénom d’un des fils de notre beau-père.

En effet, son vrai nom est Kiyé Khanakhounla, cinquième de nos huit enfants, né à Ban That Luang, Vientiane, Laos, le 25 octobre 1966, d’un mariage sous dispense, d’un père catholique et d’une mère bouddhique. Mais il n’est pas encore baptisé comme il le fallait, nous vous saurons gré de vous en occuper.

08:26
Kiyé : - Notre connaissance médiocre du français ne nous permet pas, à nos grands regrets, de vous exprimer convenablement notre gratitude pour toutes vos bontés témoignées à l’égard de notre fils.
Vous trouverez sous ce pli quelques mots en lao à Kiyé, qui voudra peut-être nous donner de ses nouvelles. Mais, comme il ne parle pas français, nous vous demanderions de bien vouloir nous faire envoyer sa lettre éventuelle qu’il vous présenterait sans mot dire.

08:57
Veuillez agréer, Monsieur et Madame, avec nos remerciements sincères, l’assurance de nos sentiments les meilleurs, nos reconnaissances inoubliables.
PS. Pour éviter la censure éventuelle, je prends pour l’expédition le nom de R. Grogniart.
Kham Oï Khanakhounla, Boîte postale numéro 1022, Vientiane, RDP Lao.


*



5

09:35
Kiyé : - Heureusement que t’es là !
Jean-Claude : - Casque…

Florence : - Hé, Sim… tu coupes ce qui est dans le coin, tu coupes pas le blé, il le coupera au dard.
Jean-Claude : - Attends, voilà… Attention ! Accélère.

10:57
Florence : - Donc, ça fait huit personnes.
ça, c’était la nappe préférée de ma mère.
Elle est réversible. Il y avait des jours côté rouge et des jours côté blanc.
Je mettrai des verres et des tasses par là.
Il y en a qui prendront du thé, d’autres du café, d’autres des boissons froides.

Je vais peut-être les mettre sur une petite assiette, ça sera plus joli.

11:40
Jeanne : - Il voulait savoir si j’étais la doyenne du quartier… J’en sais rien, je suis vieille !
Florence : - Il y a peut-être pire !
Marie-Pierre : - L’autre jour, il est passé un brocanteur, il dit vous avez rien de vieux ? La grand-mère était dehors, je dis si… Mais elle est pas à vendre !
Jeanne : - Comment on parle de sa mère !
Simone : - Bien astiquée !
Agnès : - Il t’aurait donné un bon prix quand même !
Florence : - Jeanne... Avant de continuer, est-ce que vous voulez du thé, du café, ou du froid ? J’ai mis des tasses à thé mais ça peut être autre chose.
Jeanne : - Ce que t’auras.
Florence : - Je fais du thé à tout le monde ?

12:24
Florence : - J’ai fait une tarte. Je leur disais avant que tu viennes que tu me fera sûrement des remarques parce que t’en as fait plus que moi avec les recettes de ma mère !
Agnès : - Il y a combien de temps que j’en ai pas refait ?
Florence : - bon, ça va, si tu as oublié la recette…
Agnès : - Ben, justement, je voulais te redemander !
Simon : - J’ai fait un clafoutis à mes petits enfants hier après-midi… Attends mémé, je vais verser la farine… Pan, sur la chaise… Attends mémé, je suis grande, je vais casser les œufs, elle en casse un ça va bien, deux ça va bien, et le troisième, pan, par terre ! Oh, j’ai dit, pétard, il faut s’armer de patience ! Enfin, c’était quand même pas mal, on l’a mangé.

13:33
Florence : - Il y a un deuxième couplet ensuite, dont je me souviens moins. Mais je sais que je m’entraînais tous les jours à me recourber les doigts parce que je trouvais qu’ils n’étaient pas aussi courbés que ceux des fillettes laotiennes.

Florence : - Quand on était mômes, la cuisine était là, déjà. Et, comme mes parents élevaient quatre enfants laotiens, donc, nous on était trois… mon père, ma mère, ça faisait cinq… trois enfants laotiens, ça fait huit… et la table, c’était celle-là. En fait, on était six autour de la table, et on ouvrait les deux battants, là… on mettait une planche, y’en avait deux qui mangeaient là. Ils étaient drôlement peinards ! Parce que, du coup, mes parents avaient moins le regard sur eux, ils pouvaient faire la causette. Il y avait toujours un coin où ça rigolait, c’était les deux qui étaient là-bas. Mais, du coup, c’était tournant.

14:58
Florence : - Luc Rochette. CP, CE1, cahier du jour. Ah, c’est un cahier d’histoire, vendredi 5 octobre 1888. Géographie, Pyrénées… 1888… Mon grand-père étant né en 1875, est-ce que c’est à lui ? Sûrement, il y a la sculpture de Schneider… Oh, oui, c’est un cahier à mon grand-père, Rochette L. Histoire, 5 octobre 1888.



17:34
Florence : - En 1975, quand on a beaucoup parlé des Boat People, ça m’a été complètement insupportable. On entendait sans arrêt à la radio, à la télévision, des gens qui étaient en rade, des gens qui partaient, des camps de réfugiés… On parlait des Khmères rouges… Donc, j’ai réussi à convaincre mon ex-mari de faire une demande d’adoption. Bon, je crois qu’un jour, il m’a dit oui. Toujours est-il que j’ai rencontré des gens de l’Association Pour la Protection de l’Enfance au Laos… Il y avait une antenne à Mâcon, et un monsieur qui s’appelait Berland, qui est venu nous voir, et qui nous a expliqué que les bébés étaient avec leur parents. Par contre, il y avait des enfants qui étaient dans le camp de réfugiés, sans leurs parents, et qui ne pourraient pas venir en France s’il n’y avait pas quelqu’un qui les accueille. Il me dit, ce sont des enfants qui ont entre cinq et quinze ans… Quinze ans, quinze ans, je me vois pas adopter un enfant de quinze ans. Mais je dis des enfants de cinq, six, sept ans, huit ans… ça ne me dérange pas. Puis il m’a contactée pour me dire : il y a un enfant qui est dans un camp de réfugiés à Ubon. Il est là-bas sans ses parents… et il a huit ans.

19:17
Octave : - Florence ! Florence !
Florence : - Moi, j’étais dans l’idée de l’adopter. J’ai su qu’il était avec son frère aîné. Donc, j’ai fait venir aussi le frère aîné, mais qui était adulte, lui… Il avait 18, 19 ans… Finalement je comprends que c’était son cousin. Et quand il est arrivé à la maison, petit à petit, j’ai trouvé qu’il y avait des choses qui étaient bizarres au niveau de l’identité. Là-dessus, on reçoit un courrier d’un monsieur « Grogniart » et qui dit qu’il est son père… J’ai pas su du tout si c’était son vrai père, si c’était encore un faux père, comme l’autre était un faux frère… et du coup, je me disais, sa vraie famille, ses vraies racines, sa vraie origine, c’est quoi ? Donc, en fait, j’ai répondu à ce monsieur « Grogniart », en lui disant que Simon était bien à la maison, que s’il était son père, qu’il soit tranquille… Que nous on tenait à ce qu’il ait les vraies informations sur ses parents… Parce que, en fait, j’ai pensé que ce qu’il fallait, c’était que ses parents soient tranquilles. Si ce sont des faux parents, tant pis, j’aurais envoyé un courrier disant que le gamin est bien. Et si ce sont les vrais parents, ils seront tranquillisés. Mais tant que je ne sais pas si ce sont les vrais parents, je veux pas le dire à Simon. Surtout que lui ne nous avait jamais dit que son prénom officiel c’était Kiyé, je l’ai su très, très tard que le prénom était Kiyé, son prénom était Soucksamone, il était inscrit à l’école sous le nom de Soucksamone, et si petit à petit, Soucksamone s’est transformé en Simon,  c’est parce que les gamins dans sa classe n’ont pas pu prononcer Soucksamone qu’ils connaissaient pas du tout, ils ont prononcé Simon. Un soir, il est arrivé, en disant, moi, je voudrais qu’on m’appelle Simon. Moi, je dis d’accord, dans le fond, pour une fois qu’un gamin peut choisir son prénom, pourquoi pas !


*


6

20:20
Somprasith : - Là, on n’est pas bien équipés… ça, ah… c’est moi, ça ! C’est toujours comme ça, hein ! Voila, ça c’est moi derrière le bunker où ils plaçaient… les bombes pour les B52.
Kiyé : - C’est en Thaïlande, hein ! C’est toi qui as pris la photo…
Somprasith : - Oui, c’est moi. Là, c’est ma belle-sœur, c’est Pu-Kham, c’est toi… ça, c’est Puphet. ça, c’est la sœur à ma belle-sœur. ça, c’est la fille du commandant… mon frère adoptif… ça, c’était toi… ça, c’est Puphet… mon frère aîné… Bounheng…

Kiyé : - Mais, il y avait des vaches !
Somprasith : - Oui !
Kiyé : - Je me souvenais pas de ça !
Somprasith : - Si, il y avait des vaches qui passaient derrière…

Somprasith : - Ce sont des vêtements que je t’ai achetés à Bangkok. Tu te rappelles, t’arrives avec une paire de chaussures de Aï Nom.
Kiyé : - J’ai porté ce tee-shirt pendant plusieurs mois encore en France !
Somprasith : - Ah, bon ! Et si tu le retrouves, tu peux le porter, hein !
Kiyé : - Non, j’ai grandi.

Kiyé : - Je vois bien les yaourts, mais je vois pas le frigo.
Somprasith : - Y’en a pas…
Kiyé : - Fallait manger vite !
Somprasith : - Oui.
Kiyé : - Tu sais, les yaourts, quand je suis arrivé en France, et que j’ai goûté… je pouvais pas supporter. Parce qu’on est pas habitués à du lait fermenté comme ça.


24:01
Kiyé : - Suisse… Vous avez pas mal voyagé dans ces années-là…
Somprasith : - Aix-les-Bains… Ah, on est allé à Aix-les-Bains !
Kiyé : - Tous ces voyages-là, c’est…
Somprasith : - On est parti avec son frère. Une fois qu’on s’est mariés, il est resté quelques jours avec nous. Alors, on partait. Lui, il connaissait la région parce qu’il faisait ses études à Grenoble, avant.

Somprasith : - C’est le campus universitaire, c’est le plus grand campus à Lyon.
Kiyé : - On dirait une photo du Laos.
Somprasith : - C’est parce que tu vois des arbres que tu dis que c’est le Laos.
Kiyé : - Mais oui, mais…
Somprasith : - Il y a des arbres dans d’autres pays aussi !
Kiyé : - C’est toi là ?
Somprasith : Oui
Kiyé : - Tu rigoles pas, hein !
Somprasith : - Non, faut pas… Là, c’est ma femme, tu vois ? On s’est connus en France.

25:05
Somprasith : - Et là, où on était ce matin.
Kiyé : - Le premier appartement…
Somprasith : - Oui.


Somprasith : - On a tout refait, c’est bien… Il n’y a que les volets qui restent en place. Il a refait, mais c’est bien.
Toy : - ça fait huit appartements maintenant.
Somprasith : - Pour les écoles du Trésor.

Somprasith : - On a ici notre vie, on a commencé ici notre vie ! Mais ça mérite quand même au bout de certaines années… Non, c’est pas vingt ans, c’est vingt-huit ans, vingt-neuf ans… On va fêter bientôt le trentième anniversaire.
Toy : - Oui, bientôt, oui.
26:11
Somprasith : - Vous avez traversé le Mékong avec mon frère et ma sœur. Vous êtes allés chez mon oncle, finalement. Il était décédé. Sa femme aussi, elle était décédée. Il n’y avait que les enfants et la grand-mère. Donc, vous êtes allés là-bas. Et après, comment j’ai su que vous êtes arrivés là-bas ?
Kiyé : - ça, je sais pas. Moi, j’ai été amené par ton père pour la traversée.
Somprasith : - Oui, ton père t’a amené à mon père. Et mon père vous avait fait traverser. Et partant de là, je sais pas comment j’ai su le truc.
Kiyé : - Toi, tu étais déjà Bangkok ?
Somprasith : - Oui, j’étais déjà à Bangkok. Et là, j’avais demandé à Tonton Péchard, parce qu’il était là-bas, sur place, de vous faire rapatrier avec nous.

27:15
Somprasith : - Juillet, je suis parti.
Kiyé : - Et en juillet, il y avait déjà des raisons de partir ?
Somprasith : - Ah, oui, oui, oui, depuis un moment déjà ! Depuis la fin du Baccalauréat.
Kiyé : - Parce que le changement officiel de régime, c’est en décembre…
Somprasith : - Oui, mais, ça c’est la politique, ça. Mais la prise de pouvoir des Communistes, c’était bien avant. Ils ont envahi partout, déjà.

Kiyé : - Et toi, c’était quelle date ?
Toy : - Mois de juillet. Je suis arrivé au mois de juillet. Après le Bac. On a eu notre examen, le résultat, après on a traversé le Mékong.
Kiyé : - Presque en même temps, alors.
Toy : - Non, moi je suis arrivé en France un an avant lui.
Somprasith : - Non, non, mais au moment du départ…
Toy : - Ah, au moment du départ, c’était en même temps. Mais comme il est resté au camps encore un an… Je suis arrivé en 75 à Paris, fin juillet, début août, je sais pas exactement. Après mon Bac, j’ai traversé le Mékong, avec mon frère aussi. Et je suis arrivé à Bangkok… de Bangkok, on a acheté des billets par nos propres moyens pour arriver en France. C’est moins compliqué que vous. J’ai pas été aux camps de réfugiés.


7
31:04
Homme brun : - Aurélien, va aider Tonton, là !
Vénérable : - S’il vous plaît, aujourd’hui, on va couper… Les Anciens, ce côté-ci…
Jeannine : - Non, non, ne faîtes pas bouger maintenant. Tout le monde est à sa place. Arrêtez de mettre de l’ordre !
Vénérable : - Macha, venez les Anciens.
Jeannine : - Laissez les gens se placer, Vénérable. Quand vous commencez à ranger quelque chose…

31:43
Vénérable : - Il faut toucher la personne devant vous, pour faire des liens. Si vous êtes loin, vous touchez le dos de la personne devant vous.

32:14
Vénérable : - Tapez le gong, le plus fort que vous pouvez.

34:17
Vénérable : - Allez, les petits, vous comptez les Bouddhas. Si vous avez le compte juste, je vous donne un chocolat !

Vénérable : - Comptez bien. Que les Bouddhas, ça c’est pas des Bouddhas ! Et puis, maintenant… Jeannine ! On met aux Bouddhas. Mais comme vous avez, les petits, reçu l’eau bénite, il faut laisser aux parents asperger aux Bouddhas. Maintenant, faites un peu de la place… pour les Anciens de venir. On commence à 87, puis 84, 80… ainsi de suite !
Voix d’homme hors champ : - Souvenir, un bon souvenir !

*


8

35:46
Kiyé : - Moi,je me souviens d’un voyage en train jusqu’à Bangkok…
Somprasith : - Voilà.
Kiyé : - Alors, ce voyage-là, est-ce que c’est quand on est allés de Nogkhaï à Bangkok… ?
Somprasith : - Voilà, de Nongkhaï à Bangkok… C’est pour me rejoindre.
Kiyé : - Et, à la fin du séjour au camp de Ubon… on doit revenir à Bangkok pour prendre l’avion…
Somprasith : - Voilà, avec moi…
Kiyé : - Et là, cette fois, on fait le trajet comment ?
Somprasith : - En bus, en bus oui.
Kiyé : - D’accord, j’avais une confusion, là. J’avais inversé les choses. Je pensais que le dernier voyage était en train.
Somprasith : - Non, c’était en bus, avec moi.


Kiyé : - Voilà, mon premier voyage en train, c’était Nogkhaï-Bangkok…
Somprasith : - Tout content !
Kiyé : - Et mon premier grand voyage en bus, c’était…
Somprasith : - Bangkok-Ubon.
Kiyé : - Et après, c’était le deuxième…
Somprasith : - Ubon-Bangkok.
Kiyé : - Et ensuite, premier voyage en avion. Eh, oui, Boeing 747 !
Somprasith : - Il y avait beaucoup de monde… avec nous… je me rappelle.
Kiyé : - On était tous avec nos manteaux, nos pull-overs, prêts, prêts, prêts à sortir au pays de la neige. Et voilà, on est arrivés, c’était la canicule.
Somprasith : - Vers 11 heures et demi on est arrivés, je crois.

37:16
Kiyé : - C’est les lettres que tu as envoyées à Florence et qu’elle a conservées.
Somprasith : - Je n’ai fait que écrire des lettres. Tu as quelle date ?
Kiyé : - Quelle date ? Tu vois, regarde là. C’est oblitéré à. 13.08.1976… ça, c’est l’arrivée… parce que le 13.08, c’est Mâcon gare, Saône et Loire.
Somprasith : - Donc, cinq semaines après, on est partis.
Kiyé : - Voilà, Somprasith Luangkhot, Lao refugee camp… Ubon, Thailand… 10.08.76... Ma chère Tata, Soucksamone a bien reçu sa lettre, avec laquelle il est très content… et fier, surtout de la jolie carte. Nous n’avons pas fêté son anniversaire, vous comprenez bien la raison… J’espère que vous allez bien… De notre côté, nous allons bien, et bientôt, dans deux semaines, vous aurez l’occasion d’embrasser Soucksamone. Il a déjà son visa et son nom figure sur la liste de l’ONU, qui viendra chercher Soucksamone avec la police immigration, afin que Soucksamone aille préparer ses papiers, entre parenthèses, faire son passeport… Je serai à Bangkok le 18.08.76


39:49
P’tite Céline : - Ambiance bord du Rhône, il est midi, il y a du vent.



*



9

40:48
Kiyé : - Ton frère m’a dit qu’il avait jamais revu son… ton père, après qu’on soit partis.
Pu Kham : - Ah, oui, il est mort aux Etats-Unis. Non, on s’est échangé des courriers entre moi et mon père. Il disait qu’il viendrait vivre avec moi lorsque j’aurais… travaillé, gagné la vie. Malheureusement, il n’est pas venu. Du moins, il n’est pas venu, c’est pas sa faute, il est mort avant. C’est dommage, c’est comme ça, c’est la vie. T’as des nouvelles de ta mère ?
Kiyé : - Je lui ai parlé au téléphone il y a trois semaines, quand j’étais chez ma sœur.
Pu Kham : - En français ?
Kiyé : - En laotien ! C’était très bref. C’est rigolo quand je parle laotien… Je dois répéter trois, quatre fois la même chose… A chaque fois, les autres ils comprennent une chose différente.
Pu Kham : - Le tout, c’est l’émotion.

Kiyé : - Quand je suis arrivé en France, on disait que j’étais votre frère…
Pu Kham : - On est cousins… et cousins, ici, lorsqu’on arrive en France… Même au Laos, des fois, cousins, vis-à-vis des autres… on se dit qu’on est frères et sœurs. C’est notre manière de penser… une manière de dire qu’on s’aime, en fait, d’accord ? Qu’on est proches les uns des autres, qu’on s’aime ! Effectivement, si on est cousins… Si on ne l’est pas, on ne s’entendrait pas ! Tu vois, même actuellement avec ta sœur, à Lyon, je dis que c’est ma sœur… Elle dit aux autres que je suis son frère. Pourtant, officiellement, on est cousins. Mais vis-à-vis des autres, on se dit qu’on est frère et sœur. Pour dire qu’on est beaucoup plus proches. Qu’on s’aime bien, c’est une manière de dire notre affection. Effectivement, nous au Laos, on était… les maisons étaient ensemble, les maisons se touchaient presque, on jouait ensemble tout le temps. Des fois, on allait manger chez ta mère, c’est ta maman qui nous faisait à manger. Des fois, on allait tous manger chez la grand-mère, des fois vous veniez tous manger chez nous, tu vois. On était tout le temps ensemble. C’était une grande famille ! C’est vrai qu’on était très très proches les uns et des autres. On était tout le temps ensemble. Mais dans notre cas, non, c’est pas une triche. Dans notre cas, c’est l’affection, c’est la tradition, parce qu’on a tout le temps vécu ensemble. On était frères et sœurs. Aujourd’hui encore, on se dit qu’on est frères et sœurs. Même si on porte pas le même nom !
Kiyé : - Ben, si ! Je porte le même nom que toi, je porte pas le même nom que mes frères et sœurs au Laos.

44:10
Pu Kham : - Mais là, c’est pareil, c’est aussi la pratique des gens dans les camps de réfugiés. Il perd son nom de famille et il prend le nom de la nouvelle famille. On retrouve beaucoup des gens comme ça, en France ou ailleurs, du fait des événements qui ont fait en sorte que les gens sacrifient leur nom de famille pour s’en sortir. Le tout est de savoir d’où l’on vient. C’est l’essentiel. La mémoire, elle reste. Le nom, c’est important, oui et non, suivant le cas.

Kiyé : - Comme j’ai pris le nom de Soucksamone Luangkhot, j’aimerais bien savoir un peu plus qui c’était, lui.
Pu Kham : - Soucksamone, c’est un cousin à… comment dire ça ? C’est un neveu à moi, en fait. C’est un des fils de ma deuxième grande sœur, qui devait venir, et je ne sais pas pour quelle raison, elle n’est pas venue nous joindre. Plus tard, il est venu avec ses parents. Et actuellement, ils sont aux Etats-Unis. Je sais pas trop pourquoi, à l’époque, on l’a inscrit lui, et qu’il est pas venu, et toi… Il n’y a que les grands frères qui pourraient expliquer ! J’étais trop jeune pour comprendre à l’époque. J’étais pas dans le coup.
Kiyé : - Je crois que, tu l’as dit, ils sont partis plus tard tous ensemble. Et la raison qu’on m’a donné, c’était que… il n’est pas parti parce qu’il ne voulait pas partir seul, sans ses parents.
Pu Kham : - C’est possible que ce soit lui… Peut-être pas lui, parce qu’il est trop jeune pour prendre une décision. Il avait à peu près ton âge. Mais c’est peut-être ses parents qui voulaient pas qu’il parte tout seul comme ça. Parce que sûrement ses parents avaient un plan dans la tête. De partir tous en famille, rester ensemble.



47:34
Kiyé : - Comment il s’appelait, le gars qui jouait au foot avec toi ?
Pu Kham : - Michel ?
Kiyé : - Michel, je crois… Il a dit qu’il connaissait très peu ton histoire, que tu étais très discret.
Pu Kham : - Raconter sa vie, on ne sait pas trop si ça les intéresse. Ce sont des choses qu’on raconte pas bien parce qu’on sait pas si les gens sont captifs ou pas. Et puis, raconter sa vie au cours d’un repas, après un match de foot, en fin de semaine…Je peux raconter si les gens font la demande, sinon… On raconte pas sa vie comme ça.
Kiyé : - C’est lui qui a dit « mais, depuis combien de temps tu es en France ? »
Pu Kham : - Y’en a qui disaient quinze ans, y’en a qui disaient dix ans… En tout, ça fait plus de trente ans déjà ! Plus de trente ans, c’est énorme !


*


10


Pu Kham : - C’est un peu comme ça au Laos, des fois on voit la nuit, le soir tomber. C’est un peu comme ça au flanc des montagnes. Mais c’est la fumée là-bas, les gens qui font la cuisine.

Kiyé : - C’est étrange comme elle a peu de souvenirs, ta sœur.
Pu Kham : - Je sais pas, mauvais passage de la vie.
Kiyé : - Je pensais vraiment qu’elle se souviendrait de ma sœur Bi, comme elles étaient du même âge. Tu vas souvent la voir ?
Pu Kham : - De temps en temps on se voit, elle vient nous voir aussi. Chacun son tour.
Kiyé : - Moi, ça fait trente ans que je l’ai pas vue. Je me souviens même pas la dernière fois.

50:03
Pu Kham : - Marine, tu regardes où, là ?
Pu Ngeun : - Bon, ça y est là, moi je suis sûre que les 35 secondes étaient finies !
Kiyé : - Non.
Pu Ngeun : - Pas encore ?
Kiyé : - Comme toutes les Laotiennes, t’as pas la notion du temps.
Pu Ngeun : - Oui, mais au Laos il fait un peu plus chaud !

50:19
Pu Ngeun : - Ils veulent un peu de soupe, les enfants ? Il y a deux grands bols là, tu peux prendre ça. Vous voulez un petit peu de soupe ?
Kiyé : - Mmm… Trop bon !
Pu Ngeun : - C’est bon, hein, les enfants !
Kiyé : - Tu manges laotien, toi !
Pu Ngeun : - C’est à la demande des enfants. A l’internat toute la semaine, il mangent français.
Le mari : - Elle était beaucoup plus française quand je l’ai rencontrée.
Kiyé : - En 87, et c’était où ?
Le mari : - A Brighton.
Pu Ngeun : - En Angleterre.
Le mari : - Au sud de Londres.
Pu Ngeun : - Moi, je suis partie après mon BTS. Je suis partie en Angleterre pour préparer un examen en anglais. Et comme j’ai trouvé du travail, je suis restée.


51:36
Kiyé : - Les enfants, ils sont nés en Angleterre ?
Pu Ngeun : - Oui, hôpital de Brighton. Royal Sussex Hospital of Brighton. Treizième étage, je me rappelle. Moitié français, moitié anglais, très peu laotiens... à part manger avec leurs doigts et qu’ils aiment manger laotien…



*

11
53:10
Phoutseng : - On va se garer comment, là, mon frère ? Comme ça ?


53:19
Phoutseng : - Non, si tu comprends tout, c’est trop bien !
Kiyé : - J’ai pas compris, moi.
Phoutseng : - C’est ma faute si t’as rien compris ? Même quand elle ferme les yeux, tu vois, dans le clip, y’a rien à dire, comme nous, c’est bien naturel, c’est bien professionnel.



Phoutseng : - To, allez, tu viens, To, s’il te plaît ! C’est toi qui chantes bien celle-là.
Kiyé : - Elle habite à Caluire, elle ?
Phoutseng : - Comme moi !

54:25
Phoutseng : - Non, j’y arrive pas, c’est pas bon, ça !


56:35
Phoutseng : - ça, c’est celui qui perd ! Celui qui gagne, il n’a rien du tout. Allez, ramène ta caméra, merci !

57:01
Phoutseng : - Non, je parle mal, je parle mal ?

57:29
Phoutseng : - Incroyable, moi aussi je vais prendre ma rentrée ! Non, je prends aussi ! Normalement, je gagne toujours, pourquoi je perds ? Oh, pardon, pardon, Aaron.
To : - C’est fini !
Phoutseng : - C’est lui qui a gagné !
To : - On va prendre de la bière, bien fraîche.




*


57:55
Kiyé : - Résidence du Trèfle, ça s’appelait comme ça, avant ?
Phoutseng : - Non, Foyer Miribel. Mais il est grand le foyer, tu vois, ting, ting, ting, ting… tout ça, c’est le foyer.
Kiyé : - Toi, tu parlais pas français.
Phoutseng : - Si je parle pas français, c’est qui qui va parler français, alors ? Mais chaque fois que j’ai demandé de l’eau, ça vient toujours du lait ! Moi, je donnais le biberon, parce que Poupée, elle aime bien de l’eau. Elle boit tout le temps de l’eau à côté du lait. En fait, on me donne toujours du lait, du lait, du lait… Ils m’ont rien compris ou quoi ?
Kiyé : - Tu as trouvé du travail, ici ?
Phoutseng : - Oh, je suis tellement forte pour le travail ! Je travaille, attends… Dany, il est né en… 89, non, Dany ? Je commence à travailler en 90, à peu  près, quelques mois…
Kiyé : - Après trois ans, quand même.
Phoutseng : - Non.
Kiyé : - Si tu es arrivée en 85.
Phoutseng : - Moins de trois ans, deux ans et quelque chose. Kiyé, tu peux aller plus loin que le foyer ? Moi, j’en ai marre de regarder mon foyer ! Tu vas à mon travail ? Tu veux aller à mon travail ? Encore la musique, là !


59:52
Phoutseng : - Ah, tu veux que je parle de mon travail !
Kiyé : - Quand on arrive là-bas, tu me dis « C’est là l’entrée ».
Phoutseng : - Ah, d’accord ! Je peux dire non, c’est ma vie aussi !


1:00:27
Homme podium : - Quant à moi, je vous souhaite en novembre une très bonne fin d’année, bonne santé, meilleurs vœux, et prospérité, à toutes et à tous, en espérant que vous passerez une agréable soirée. Et maintenant, j’ai l’honneur d’inviter Monsieur Soucksakhone Pathammavong, ambassadeur de la République Démocratique Populaire Lao à Paris à venir prendre la parole. Je vous remercie.

Monsieur l’ambassadeur : - Je saisis cette occasion solennelle, pour exprimer ma reconnaissance et ma profonde appréciation à nos compatriotes, pour leur contribution, pour leur aide et leur solidarité.


*

1:04:43
Phoutseng : - Fais pas tomber.
Jenny : - C’est pour P’or Tou ?
Phoutseng : - Oui, c’est pour P’or Tou. C’est qui ton P’or tou ? Dis, P’or Tou, il vient vite manger ! Ah, Jen, Jen, ramasse, s’il te plaît !

 Phoutseng : - Grand-père, là. Gand-père, viens manger tout de suite !
Jenny : - Je vais aller chez P’or Tou, là ?
Phoutseng : - Hein ?
Jenny : - Je vais aller chez P’or Tou, là ?
Phoutseng : - Non, non, P’or Tou ici, là. P’or Tou, celui qui est mort au Laos. Il faut du feu, mon bébé. Kiyé, t’en as du feu, au moins ? Merci. Dis, P’or Tou, viens manger du phö. Oh, maman fais un bon phö !
Jenny : - Viens manger, P’or Tou !
Phoutseng : - Viens vite, viens vite !
Jenny : - Viens vite ! Il mange doucement, là ?
Phoutseng : - Tu vas chercher du papier pour P’or Tou, vas ! Pour qu’il essuie sa bouche.
Jenny : - Sa bouche ?
Phoutseng : - Merci, mon bébé !
Jenny : -  Il était là !
Phoutseng : - Dis à P’or Tou de venir manger phö
Jenny : - Je sais pas.
Phoutseng : - Appelle, P’or Tou ! P’or Tou !
Jenny : - Il mange doucement, là ?

Phoutseng : - Oui, il mange doucement. Viens vite, P’or Tou. Il mange doucement mais il peut arriver, il vient quand même. Viens manger ! 
Jenny : - Viens manger, P’or Tou !Viens manger P’or Tou ! Viens manger P’or Tou ! C’est chaud ?
Jenny : - C’est à qui ?
P’tite Céline : - Pour P’or Tou.
Jenny : - Il mange doucement !


1:06:48
Jenny : - Coucou !
Kiyé : - A papa, t’as pas donné du yaourt zéro pour cent.
Phoutseng : - Il a déjà maigri ! Il faut pas qu’il mange zéro pour cent comme moi !
Kiyé : - Jenny, tu as mangé ? Papa, i lfait pas régime ? Il était pas gros !
Phoutseng : - Il n’a pas besoin de faire comme moi !

Kiyé : - A papa, tu lui donnes tous les jours ?
Phoutseng : - Un bon repas avec lui, ça va bien.
Kiyé : - Et les cigarettes, on peut lui donner ?
Phoutseng : - De quoi ?
Kiyé : - Les cigarettes, on peut lui donner ?
Phoutseng : - Oh, ça donne cancer, c’est pas bon pour la santé ! Par contre, je donne souvent le whisky.
Kiyé : - Il lui faut du lao lao.
Phoutseng : - Lào laao.
Kiyé : - Lào laao.
Phoutseng : - L’alcool lao.
Jenny : - L’alcool lao ?
Phoutseng : - C’est l’alcool de riz. Moi, j’en bois jamais.





12
 

1:09:24
Phoutseng : - Non, c’est juste que papa, il a parlé comme ça. Mais le jour que t’es partie, maman elle le sait pas.
Kiyé : - Demande-lui, j’aimerais entendre sa voix.


1:09:46
Phoutseng : - Elle sait rien. C’est papa tout seul qui décide. Tout le monde a pleuré le jour qu’il l’a dit. Elle sait rien du tout. C’est Peet qui a pleuré plus que les autres. Il a dit « quand je vais pêcher les poissons, c’est qui qui vient avec moi ? »

1:10:26
Kiyé : - Qu’est-ce qu’elle a dit ?
Phoutseng : - Elle a dit « il faut pas jouer des oiseaux ». Si on joue des oiseaux, notre famille est séparée.
Kiyé : - J’ai pas compris, ça, c’est quoi jouer des oiseaux ?
1:09:46
Phoutseng : - Les oiseaux, les petits oiseaux ! Elle a dit c’est pas bien. Après, notre famille, il y a quelqu’un aussi qui enlève le bébé. Comme toi !

1:11:03
Phoutseng : - Elle est allée te voir à Nongkhaï. Elle est allée te chercher, après tu dis non, t’as pas envie de retourner. Tu lui as donné 4 baths, de l’argent, 4 baths ! Parce que dans le camp, il donnaient aux réfugiés, chaque jour, de l’argent.
Kiyé : - Est-ce que j’ai expliqué pourquoi je voulais pas revenir ? Parce que, moi, je m’en souviens pas.
Phoutseng : - Mais c’est parce que t’as pas envie, c’est ce qu’elle vient de dire. T’as pas envie de venir ! Là-bas, c’était bien. Parce que nous, on est tellement nombreux, ici. Il n’y a presque rien… C’est pas qu’on n’a presque rien… ça suffit pas pour manger. Mais quand tu vis à Nogkhaï, dans le camp, tu les jours manges du riz, des gâteaux… Tu as tout ce qu’il faut, même de l’argent.

1:12:03
Phoutseng : - Elle a dit pourquoi tu te souviens pas ? Parce que elle, elle se souvient de toute son histoire. Moi je dis c’est parce que toi, t’as pas conté ta vie tout le temps. Mais elle, elle peut conter sa vie tout le temps avec ses copines, avec sa famille, avec sa maman, tu vois. Elle se souvient, mais toi, non, t’as personne pour raconter ta vie, c’est pour ça que t’as oublié.
Mère : - Ah, venez !

1:13:12
Kiyé : - Ma mère, elle a dit presque ce que tu as entendu. Elle dit vous quand elle me parle. Elle m’a dit « quand vous aller en France » : quand je vais repartir, elle va pleurer.


Florence : - Ah, alors, bon… Si tu veux, j’étais loin… J’ai cru qu’elle parlait en lao, donc j’ai pas compris les mots, mais, aux gestes, sans doute, j’ai compris qu’elle disait que quand tu étais parti, elle avait pleuré. C’est pour ça que j’ai dit « elle doit avoir l’impression que je lui ai volé son fils. »
Kiyé : - Elle aurait pu dire ça aussi. Enfin, elle me l’a déjà dit. A chaque fois, c’est comme ça.
Florence : - Oui, ce qui est logique. Ce qui sera pas le cas si elle voit que tu reviens plus souvent.
Kiyé : - Il y a des terres, toutes prêtes, qui sont destinées aux enfants, spécialement pour ceux qui sont loin.
Florence : - Des terres…
Kiyé : - Des terres.
Florence : - Là-bas ?
Kiyé : - Un peu partout en ville.
Florence : - Ah, oui ? C’est pas la peine de chercher une terre !


1:15:26
Florence : - Des yeux qui font baisser les miens… Un rire qui se perd sur sa bouche… Voilà le portrait sans retouches… De l’homme auquel j’appartiens… Quand il me prend dans ses bras… Qu’il me parle tout bas… Je vois la vie en rose… S’il me dit des mots d’amour… Des mots de tous les jours… Et ça m’fait quelque chose… S’il est entré dans mon cœur… Une part de bonheur… Dont je connais la cause… C’est lui pour moi, moi pour lui dans la vie… Il me l’a dit, l’a juré pour la vie… Et, dès que je l’aperçois, alors je sens en moi… Mon cœur qui bat…

Sithone : - C’est très beau !
Pa : - On va chanter ensemble. Aidez-moi. La fille de la rivière Nam Ngum

Fille : Joli garçon de Vientiane, je n’ai jamais connu l’amour avant toi
Moi, je suis une fille de la campagne
Personne ne m’a fait la cour
Personne ne m’a déclaré son amour
Il n’y a que toi qui soit venu
Moi, je n’ai rien contre
Si tu m’aimes, il ne faut pas changer d’avis

Sithone : - Je t’aimerai comme la rivière Nam Ngum aime ses rives
Je t’aimerai autant qu’elle aime ses rivages

Pa : - La rivière aime d’un amour fidèle
Je voudrais que le tien soit aussi constant

Sithone : - Moi, je ne souhaite que t’aimer jusqu’à ce que je quitte ce monde

Pa : - Moi aussi, je resterai fidèle
Je n’aimerai que toi toute ma vie

Sithone : - Quelle chance j’ai que tu t’intéresse à moi !

Pa : - Moi, je veux t’aimer toute ma vie.